30 Jahre CCM – Jörg Frei im Interview

Jörg, la société Connect Com existe depuis 1998 et tu en es le propriétaire depuis 2006. Que sais-tu sur les débuts de l’entreprise?
Les deux fondateurs ont d’abord travaillé dans une entreprise de travaux d’épissage. Lorsque l’entreprise a abandonné le secteur, ils se sont installés en indépendants. En premier lieu à 100 pour cent avec l’épissure, puis ils sont passés au commerce de la fibre optique. À l’époque, la fibre optique était un produit de niche très cher. Seules quelques organisations introduisaient la technologie et encore moins de fournisseurs disposaient du savoir-faire nécessaire. Voilà les débuts de Connect Com.

Et comment as-tu intégré la partie ou Connect Com?
Au cours des premières années après la création de l’entreprise, CCM collaborait avec un fabricant de fibre optique. Le directeur général insistait sur la «tradition» de fermer l’entreprise pendant plusieurs semaines en été. Ce qui aujourd’hui ne serait plus envisageable était déjà peu compréhensible pour les clients à l’époque. Puisqu’il n’y avait pas d’alternative, nous avons décidé chez CCM de nous lancer nous-mêmes dans le secteur de la fabrication et avons ainsi créé une autre entreprise: l’Optitec. À un moment (entretemps je travaillais pour Techdata), les propriétaires de l’époque m’ont demandé si je voulais intégrer l’entreprise. C’était un 1er avril, j’ai donc pensé que c’était une blague. J’étais sur le point de signer un contrat de travail en tant que numéro deux dans un groupe très connu de logiciels et matériel, une opportunité que l’on a une fois dans une vie et que l’on ne refuse pas, mais je l’ai fait quand même et je me suis lancé chez Connect Com AG.

Et ça a été la bonne décision?
Oui, ça je peux l’affirmer. Le début en tant que directeur général et copropriétaire a toutefois été épineux. Jusque-là, l’entreprise était dirigée de manière très familière. Tout le monde faisait de tout: vente, logistique, stock, épissure. Une professionnalisation et des investissements dans l’infrastructure étaient alors nécessaires d’urgence, nous avions besoin d’un ERP et d’une shop. Mes partenaires avaient peur des investissements. Ils ont mis longtemps à accepter. À un moment, j’ai pu acheter toutes les actions et diriger l’entreprise comme je l’entendais. L’Optitec a été dissoute et intégrée à la CCM.

Y a-t-il des collaborateurs de cette époque qui sont toujours chez CCM?
Et comment: Roman Wigger a dû être le troisième collaborateur et l'un des premiers épissureurs de CCM. Aujourd’hui, il est directeur général et le plus ancien de la famille CCM. Christian Vonesch (directeur ICT et Business IT), Gabriela Felix (production), Veronika Maestri (production), Giovanna Tevere (production), Renate Schärer (production) et Andreas Schweizer (directeur AVOR) étaient eux aussi déjà présents en 2006.

Quels ont été les jalons les plus importants de l’entreprise?
La professionnalisation déjà mentionnée était avant-gardiste. La décision stratégique de passer de distributeur à fabricant était également un pas important. Nous avons donc commencé à développer différents produits pour les divers marchés. Nous faisions souvent partie des premiers, p. ex. pour les prises à 12 connecteurs ou les solutions FTTH. L’expansion vers l’Allemagne compte également parmi les étapes importantes.

Comment le marché a-t-il évolué au fil du temps?
La technologie de la fibre optique était auparavant un marché de niche. Ceux qui pouvaient se la permettre étaient peu nombreux. Les acheteurs étaient des entreprises spécialisées ou organisations de recherche, par exemple l’ETH. Aujourd’hui, il s’agit d’un marché de masse avec une demande importante et de nombreux fournisseurs. L’innovation est passée. Le secteur a du mal à s’y faire.

Dans quelle mesure?
La technologie en tant que telle est terminée, de nouveaux développements fondamentaux ne sont pas prévus. Ce qui prime est en fait le prix.

Ça signifie que le potentiel de la technologie de fibre optique est épuisé?
Non, au contraire: la technologie reste la meilleure et est utilisée partout. Toutefois, il n’y a plus d’impulsions d’innovation et aucune perspective de nouvelles technologies révolutionnaires pour remplacer la fibre. Mais la fibre telle qu’elle est utilisée aujourd’hui a encore d’énormes capacités. Il serait possible de multiplier la transmission de données actuelle. Mais pour cela, il faut les appareils correspondants et ils sont bien trop chers, pour l’instant. Il y a encore beaucoup de potentiel. Villes intelligentes, véhicules autonomes, IoT, tout cela nécessite des capteurs, des conduites et de la fibre optique. La numérisation augmente la demande, les nouveaux marchés et solutions personnalisées pour les clients aussi.

Et pourtant, de nombreux fournisseurs se partagent le gâteau et la pression des coûts augmente. Quel rôle CCM jouera à l’avenir sur le marché?
Grâce au grand entrepôt en Suisse et à la production et fabrication internes, nous pouvons livrer avec des délais très rapides. Des solutions client individuelles seront également demandées à l’avenir et sur ce point, Connect Com est leader. Ce qui nous définit également, c’est le service et l’assistance. Nos clients ne cessent de l’affirmer. Connect Com va également jouer un rôle de taille sur le marché à l’avenir. Pas seulement en Suisse, mais en Allemagne aussi.

À propos de l’Allemagne: CCM est présent en Allemagne depuis 2010. Que signifie ce marché pour vous?
En matière de fibre optique, l’Allemagne est encore en retard par rapport à la Suisse. Aujourd’hui, la priorité est notamment le haut débit. Les investissements sont énormes, le marché connaît une croissance fulgurante, à tel point que nous peinions parfois à suivre. En près de 12 ans, CCM Allemagne est passé de deux à 94 collaborateurs à ce jour. Par conséquent, il est très important pour nous d’être présents en Allemagne.

Quelles sont les différences entre les deux marchés de la Suisse et de l’Allemagne?
En Allemagne, nous devons faire face à des projets gigantesques portés par les prix. Les projets sont souvent subventionnés par l'État. La plupart sont attribués à l’aide d’appels d’offres via des portails en ligne. La relation client personnelle n’est pas très importante. Dans une certaine mesure, d’autres produits sont utilisés par rapport à la Suisse.

Retour en Suisse: pourquoi y a-t-il une filiale en Suisse occidentale?
Notamment pour assurer une présence locale. La connexion avec la région est importante. Trouver des collaborateurs en Suisse alémanique qui parlent parfaitement le français et sont ancrés en Suisse romande est pratiquement impossible. Le succès requiert de connaître les évènements locaux et la mentalité et d’entretenir le réseau de relations. Cela fonctionne très bien, nous avons une excellente équipe à Gland.

Qu’est-ce qui t’a particulièrement marqué lors de ton temps chez CCM?
Le développement de l’entreprise du petit commerce à ce qu’elle est devenue aujourd’hui, y compris l’expansion vers l’Allemagne, a été très marquant. On change également, on se fait des expériences, on tire des leçons et on grandit aussi sur le plan personnel. Et vivre la transformation du marché est vraiment captivant.

De quoi es-tu particulièrement fier lorsque tu te remémores les 30 dernières années?
CCM est une belle histoire de succès. Je suis vraiment content de qu’il est advenu de l’entreprise et de ce que nous avons accompli. Une telle histoire de succès n’est possible qu’avec des collaborateurs engagés.

Si tu pouvais tout recommencer de zéro, que ferais-tu différemment aujourd’hui?
Je m’y prendrais de la même façon. Finalement, tout devait se passer comme ça. Chaque erreur nous a menés où nous en sommes aujourd’hui.

Depuis janvier 2021, le slogan de l’entreprise est Connecting the dots. Pourquoi?
Il y a quelques années, nous avons élaboré une nouvelle charte et modernisé l’image de l’entreprise. Le slogan précédant «Optimizing Fiberoptic Technologies» était pour nous trop interchangeable, trop impersonnel. La connexion joue un rôle important dans tout ce que nous faisons: avec la fibre optique, nous connectons des points, choses, idées et finalement toujours des personnes.

Quels sont tes objectifs et ceux de la GL au cours des prochaines années pour l’entreprise, dans quelle direction doit-elle se développer?
Comme je l’ai dit, le gros de la croissance est passé. Mais partout où des données sont actuellement transmises via du cuivre et où la quantité de données augmente ou les influences électromagnétiques posent problème, il y a du potentiel. Le verre peut en théorie remplacer toutes les transmissions de données. Dans l’industrie et les capteurs, la technologie va s’étendre. Voilà sur quoi reposent nos plans.

Quels sont tes objectifs personnels?
Très clairement, maintenir le succès de CCM. À l’avenir, je vais encore davantage m’occuper des mandats VR et de la stratégie. L’entreprise doit maîtriser avec succès le passage du marché spécialisé vers le marché de masse. L’objectif n’est pas de grandir sans fin. Nous voulons être les meilleurs dans notre activité principale. Il va y avoir du nettoyage sur le marché. Nous avons encore beaucoup de choses de prévues…

Ton conseil personnel pour les jeunes entrepreneurs/euses?
Il ne faut pas se laisser décourager. En cas d’échec, il faut corriger et continuer. L’adaptabilité est importante et il faut être prêt pour le changement. Ceux qui s’adaptent le plus rapidement réussissent le mieux et il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers.

Merci Jörg pour cet entretien et bonne continuation.


À propos de Jörg Frei
En 2006, Jörg Frei est devenu copropriétaire et directeur général de Connect Com AG. Aujourd'hui, il est le président du conseil d'administration et l'unique propriétaire. Sous sa direction, l’entreprise est passée de spécialiste en épissure à fournisseur leader de produits de câblage en communication et FO avec une production et fabrication internes à Rothenburg (LU) et à Nürtingen (Allemagne).